La légende de Sidi El Kebir

Vers l'année 925 de l'Hégire (1519 de l'ére chrétienne), un homme pieux, vint se fixer au confluent de l'Oued Taberkachent et de Châabat ar-Rommân (Ravin des grenades), cours d'eau appelé aujourd'hui "Oued Sidi-El-Kébir". L'ermitage de Sidi Ahmed El-Kebir, bientôt entouré d'une Zaouia, ne tarde pas à devenir un lieu de pélerinage fréquenté par de nombreux croyants attirés par les enseignements du saint et par la renommée de ses vertus.

On raconte que Sid Ahmed El Kebir aprés avoir découvert et détourné les belles eaux de la montagne de l'Atlas, a, avec l'aide des Maures Andalous, introduit dans la région la technique de l'irrigation: il les avaient captées en leur faisant signe de le suivre au cœur de l’Atlas, il les avait emprisonnées dans son rocher  et il les avaient fait jaillir d’un coup de son baton.

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Pendant plusieurs jours, il fouilla les ravins, les dépressions, les bois, les crevasses. Mais tout était sous un soleil  de plomb. Il ne se découragea pas ; car Dieu était avec lui. Et, comme par l'effet d’une révélation subite, SIDI AHMED EL-KEBIR tourna brusquement à sa droite et se dirigea, sans hésiter , vers un point . Une source était là : il venait d’atteindre son but. « DIEU SOIT LOUE » s’écria-t-il.
Les belles eaux de cette sources cascadaient ,argentées, folâtres, tant, nulle part, leur présence bienfaisante.
Aussi fallait-il les orienter toutes vers un même point.
Obtenir ce détournement était chose facile  pour ce saint homme, AMI de DIEU.
A peine SIDI AHMED EL-KEBIR avait-il commencé son oraison, que les eaux s’arrêtèrent, inquiètes, sur les pentes  où elles stationnèrent pendant quelques instants.
Le saint Marabout avait fini de prier. Et les eaux étaient encore indécises.
Aussi, devant leurs embarras, il y mit un terme en leur ordonnant, au nom de dieu, de le suivre.
Aussitôt, comme un chien fidèle, qui a reconnu son maître, elles s’élancèrent, joyeuses, dans ses traces, transformant tout sur leur passage, pour atteindre ensuite  cette vallée de grenadiers ou SIDI AHMED EL-KEBIR avait installé son gourbis et pour aller, enfin, se répandre dans la plaine.

Sid Ahmed El Kebir mourut vers 1540 à l'âge de 70 ans environ et se trouve enterré dans sa Zaouia.

On peut lire aussi là: http://alger-roi.fr/Alger/documents_algeriens/culturel/pages/65_sidi_ahmed_blida.htm

un très beau texte de E.DERMENGHEM sur Sidi Ahmed el Kebir

 

Moins de légende

Blida fut fondée, en 1553, par Ahmed-el-Kébir, Ahmed le Grand, avec le concours des Mores Andalous chassés d'Espagne en 1499. D'où venait Ahmed-el-Kébir qui a donné son nom aux gorges pittoresques, à l'oued, et au cimetière où il est inhumé, à proximité de Blida ? On ne sait. De pieux narrateurs, dont les récits n'ont pas été soumis au contrôle de la critique historique, nous racontent qu'après avoir visité Alep, Damas, La Mecque, Stamboul, l'Andalousie et Cordoue, il arriva dans ce qu'il se plaisait à appeler son " Eden", dans cette région bénie où devait s'ériger la bourgade, la petite ville, traduction de Blida. Ahmed-el-Kébir, d'après les héritiers de la parole sainte, avait un don surnaturel : des rocs desséchés il faisait jaillir des sources miraculeuses; et, sur son ordre, les eaux dociles, obéissant à sa voix, se détournaient de leur cours pour aller se jeter dans l'Oued. Nous serons plus prosaïques : le grand marabout, instruit sans doute à l'école des Mores d'Espagne, passés maîtres dans les travaux de l'hydraulique et des irrigations, lui enseignèrent le moyen d'amener des eaux abondantes dans le lit de l'oued-el-Kébir. Ces andalous, après leur expulsion d'Espagne, étaient devenus les protégés du fameux Kheïr-ed-Dinn, le frère de Baba-Aroudji le manchot, le maître de la république militaire, le contemporain et l'ami d'Ahmed-el-Kébir.
Kheïr-ed-Dinn mit les Mores Andalous à l'abri des mauvais traitements des Beni-Salah, les belliqueux Berbères de l'Atlas.

Ch. de  Galland (extrait d'une revue du Syndicat d'Initiative de Blida-1922)

Les orangeraies

Aux Mores Andalous on doit encore l'importation, au 16e siècle, de l'oranger dont le fruit, en arabe, s'appelle "narandj", d'où le mot espagnol "naranja". On l'appelait aussi "tchina", le fruit de la Chine, double dénomination qui évoque le souvenir d'origines lointaines. Les orangers ont leurs titres de noblesse et continuent à être la parure principale du pays. La culture de l'arbre aux fruits d'or ne tarda pas à s'étendre dans le massif montagneux au dessus de Blida et jusque sur les déclivités dominant l'Arba et Rovigo, dans les replis abrités et arrosés par l'eau des sources. Les Andalous ont laissé, à Blida, des descendants qui se distinguent des arabes et des berbères par leur allure et les traits caractéristiques de leur physionomie.

Les systèmes d'arrosage existaient déjà avant la colonisation.  

Blida est calquée sur la ville de Cordoue.

On appelle "Sakiates", ces fameux ruisseaux qui existent partout dans les vieux quartiers,

S.A.H

Carte 1885

Une analyse de l'eau des Glacières (1920)

Le captage de l'eau

 

 

Je pense à mon père, qui dans les années 30 parcourait toute la région de la Mitidja afin de répertorier les points d'eau et les sources des villages les plus reculés et en particulier dans le massif blidéen (à dos de mulet) pour ensuite faire des études de débit et aménager tous ces points d'eau par la confection de cuves bétonnées et fermées afin d'offrir aux villageois un minimun de confort et ainsi de réduire par la même occasion des maladies.  M.N.

 

 Le captage de l'eau de l'AIN BOUZAR en 1934

 

Répartition de l'eau: des canaux dans la ville.

« Les eaux de l'oued el Kébir retenues par un barrage établi dans la gorge de la montagne à 1.800 mètres de la ville, étaient retenues dans un aqueduc de dérivation sur la rive droite de l'oued qui les menait dans un château d'eau d'où elles se divisaient en trois canaux principaux, subdivisés eux-mêmes dans leur parcours en nombreuses petites rigoles.

Le premier de ces canaux arrosait les jardins et orangeries du sud et de l'est, les orangeries du village de Montpensier et une partie des oran­geries du nord-est ; le deuxième alimentait les 24 fontaines de la ville, ses lavoirs, abreuvoirs, 100 concessions particulières et enfin, comme le pre­mier, les orangeries du nord-est. L'une des branches du troisième, après avoir desservi les casernes, fait mouvoir le moulin de l'administration était employée aux irrigations ; l'autre branche arrosait les vergers de l'ouest, ceux de Joinville et alimentait ce village.

La répartition des eaux était arrêtée chaque année d'après les propositions d'une commission. Leur distribution était ensuite opérée par le service des Ponts et Chaussées (1). »

1. Tableau de la Situation des Établissements français de f'Algérie, 1853.

La place Franchet-D'Espérey

Nous nous trouvons, maintenant, sur la place Franchet-D'Espérey, devant les "Fontaines Ricci", qui se détachent d'un trés beau décor: les premières pentes verdoyantes de l'Atlas. Ces fontaines, leurs plans d'eaux, leurs jets d'eaux, ainisi que leurs pelouses fleuries, constituent un ensemble harmonieux.

A droite de la place Franchet d'Esperey, un coin qui, il y a encore une quinzaine d'années était insalubre, a été transformé en square: c'est le Jardin Ricci. De jolies pergolas, recouvertes de roses et de mimosas permettent en été, d'y trouver la fraicheur, à proximité d'une grotte artificielle d'où s'écahappe une eau fraîche et limpide qui, canalisée, ira irriguer les jardins d'alentour.    

Guide Blida-Chréa de 1948

Les fontaines dans la ville (il y avait pas moins de 63 fontaines disséminées dans Blida et sa proche banlieue (source Echo Alger 1916)

 Brèves:

On m'a rappelé ces jours-ci l'existence d'une fontaine d'eau fraîche dans la rue Abdallah à côté du magasin Nathan. Qui s'en souvient?

Oui, juste en face l'entrée du magasin, il y avait une fontaine.

Moi j' ai un doute, j' en vois une plus bas à l' angle de la rue des Coulouglis et Abdallah, mais à l' angle face au magasin Nathan je ne sais plus, à mon avis je ne crois pas.

Par contre et là je suis sûr en haut de la rue du BEY à l'angle rue du Bey rue d' Alger ,c'est là  que l'on prenait l'eau fraîche l'été.

 

Il y en avait une rue Fourrier, sur le trottoir de l'orangerie où nous allions chercher de l'eau l'été, presque en face de la rue du Bey. Mais, ma mémoire est-elle fiable ?

Oui, tu as raison.. Il y avait bien une fontaine presque en face de la rue du bey. Je dirai même en face de chez Mme Mazella qui nous vendait des bonbons à la sortie de l'école.

Je me souviens surtout d'une fontaine au croisement de la rue Randon et de la rue Parmentier où venait s'installer un marchand de figues de barbarie. Il aspergeait ses fruits avec l'eau de la fontaine pour les rafraîchir. C'était un délice en été mais il ne fallait pas en abuser car vous savez pourquoi... cela constipait et que pour déboucher, il fallait aller chercher un coq !!!   

La seule fontaine dont je me souviens parce que je passais souvent devant se situait proche de la station Schell au début de l'avenue de la Chiffa. Certains s'y lavaient les pieds en été.

Je pense que nous parlons du même style de fontaines : peintes en vert wagon, avec une "manivelle" sur le sommet pour faire arriver l'eau. Oui, il y en avait une avenue de la Chiffa pas bien loin de la station Schell et du même côté. B. s'en souvient peut-être , lui qui a travaillé dans cette station ?

Une fontaine rue Bécourt

Fontaine encore Avenue de la Gare, en face de l'épicerie Pons, à droite en descendant (un peu plus haut que les confitures Jeannette), et une autre dans l'Av. des Moulins, en face du marchand de légumes Midine!! Toujours les mêmes fontaines, oui, la manivelle, quel plaisir de la tourner très vite , de la lâcher, d'attendre que ça s'arrête pour recommencer aussitôt, en faisant en sorte de mouiller les pieds de celui qui est à côté!

C'est exact, la fontaine de l'avenue des moulins: j'habitais à coté  mais il y avait aussi celle des moulins Ricci  où on allait manger la mouna !!!

Ma fontaine à moi, était devant ma maison Avenue de la gare. Le marchand de figues de barbarie était peut-être le même qui arrivait à l'heure sacrée de la sieste devant nos fenêtres. Il parlait fort avec ses copains

 

Irrigation des jardins dans la ville

Au delà de la légende, la gestion de l'eau a toujours été une préoccupation des blidéens:  la recherche permanente de nouveaux points d'eau dans la montagne, le  captage de cette eau et son transport.  Elle était suffisament abondante pour satisfaire les besoins de  la population. Il y avait de   nombreuses fontaines dans la ville et  un système d'irrigation par rigoles, canaux et même de grosses conduites permettait  l'arrosage de nombreux jardins à Blida, Joinville, Montpensier et quelques fermes des environs.

Ce système d'irrigation des jardins attribuait à chacun une pèriode bien précise (jour et heure). On pouvait voir les jardiniers avec un œil sur la montre et l'autre sur les différentes  vannes qu'il suffisait de soulever pour voir l'eau envahir les rigoles de son jardin.

Combien de fois a-t-on entendu des discussions sur les heures d'ouverture  et de fermeture de ces fameuses vannes!  Et encore faut-il mentionner  le malin plaisir que prenaient des galopins  pour semer la perturbation et la zizanie en manipulant les vannes à l'insu des jardiniers.

Tout ce balai était normalement réglé par un fontainier.

Irrigation des orangeries

A Blidah, les eaux de l’Oued el Kébir, après avoir été utilisées dans leurs parcours par différents établissements industriels, arrivent au barrage du Syndicat établi aux moulins Ricci, à l’entrée des gorges de l’Atlas. Là, elles sont détournées dans un canal qui emprunte le flanc de la montagne sur la rive droite, font tourner plusieurs moulins, puis, après un parcours de 1500 mètres, arrivent au point culminant de la ville dans un bassin répartiteur où elles sont divisées en 3 canaux principaux :

1° Celui de Montpensier, destiné aux irrigations du village de ce nom et d’une partie de la zone de Blidah au Nord-Est.

2° Celui du centre, dont les eaux, après avoir passé dans les égouts de la ville et servi à leur nettoyage, arrivent au répartiteur de l’orangerie où elles sont subdivisées en trois canaux vers le Nord ;

3° Celui de l’Ouest, alimentant le village de Joinville, l’abreuvoir militaire, etc…

Ces canaux ont une longueur totale de 50000 mètres ; ils sont marqués sur un plan. Les deux premiers sont en maçonnerie avec une section intérieure de 1 mètre sur 0,90 de hauteur. Les autres sont en béton avec forme trapézoïdale : leur section est de 0,60 m à l’ouverture et de 0,30 m au fond sur une hauteur de 0,35m.

Sur le parcours des canaux d’irrigation sont placés des vannes de prise en tête de chaque propriété particulière. Chaque canal reçoit au répartiteur le volume d’eau calculé d’après la superficie qu’il a à arroser, à raison de 480 mètres cubes pour les orangeries et 430 pour les jardins maraîchers par hectare et par semaine ; des déversoirs, dont la largeur est calculée d’après ce principe, transmettent à chaque canal la quote-part qui lui revient. Il est bien entendu que le volume attribué à chaque propriétaire varie quelquefois, suivant l’abondance des eaux ; mais ces dernières sont toujours distribuées en égale proportion : les frais sont de 30 à 40 francs par hectare.
Les arrosages sont divisés en deux rotations par semaine, un tour de jour et un tour de nuit. Chaque propriété comprise dans la zone d’irrigation a droit à l’eau du canal pendant un nombre d’heures ou de minutes déterminé. L’eau partant du répartiteur, parcourt toute la longueur du canal jusqu’à son extrémité. Le temps qu’elle met à arriver est déduit du temps d’arrosage ; c’est la propriété la plus éloignée qui commence à arroser ; quand le temps auquel elle a droit est terminé, la propriété au-dessus coupe l’eau au moyen de sa vanne et arrose à son tour. Il est procédé de cette manière en remontant jusqu’à l’origine du canal, pour recommencer de même le jour suivant.
La saison des arrosages commence généralement vers la fin mars pour finir en octobre, si les pluies arrivent à cette époque.

On compte cinq propriétaires seulement ayant de 10 à 15 hectares, et trente ayant de 2  à 5 hectares : le reste n’a que de 1 à 2 hectares. La commune de Blida, le génie militaire, les ponts et chaussées, la voirie départementale font aussi partie de l’association pour leur service d’arrosage.

Charles Joly - Vice-Président de la Société nationale d'Horticulture

Sous Commission de l'Hydraulique Agricole

Le Déboisement et ses conséquences dans l'atlas de Blida par E.Ficheur (1904)

Dégâts causés par les inondations des 31 mai et 1er juin 1916

Région de BLIDA - ARBA - MAISON-CARRE – MAZAFRAN

Le 31 mai et le 1er juin 1916, des pluies abondantes exceptionnelles, sont tombées sur l'Atlas Mitidjien, provoquant des crues violentes des rivières OUED-EL-KEBIR, OUED-BENI-AZA, OUED-BOU-CHEMLA, OUED-EL-HAD, OUED-ARRACH. Issues de ses pentes et occasionnant des glissements de terrains très importants, notam­ment dans la région où la précipitation atmosphérique paraît avoir atteint son maximum 332 m/m en 48 heures.

Les eaux et leurs apports solides ont causés de gros dégâts aussi bien dans la montagne que dans la plaine. Des routes, des ponts, des conduits d'eau ont été détruits, des usines et des maisons d'habitations ont été emportées en totalité ou en partie.

Le Gouverneur Général a saisi la Commission de l'Hydraulique Agricole, laquelle chargeait une Sous-Commission pour examiner l'importance des dégâts. Il engageait à entendre Messieurs AYMES-BENOIT BERARD GUIZARD et RICCI, représentants aux délégations financières ; elle a constaté la destruction d'un pont de 4m du chemin de grande communication entre Blida - Dalmatie, l'enlèvement de la défense d'une coulée à un pont de la route nationale n°1 sur le BENI-AZA entre Blida - Beni-Mered, l'anéantissement du moulin Martinez enlevé par les eaux de Beni-Aza.

Mais c'est dans la vallée de OUED-KEBIR, en amont de Blida, que les effets de ces grands abats d'eaux se sont manifestés avec leur intensité.

La Fontaine Fraîche et le conduit d'alimentation de la ville de Blida ont disparu sous des masses considérables de pierres, gravats et sable, à la surface desquels l’OUED-KEBIR divague maintenant.

On estime à 14 mètres l'épaisseur des matériaux que recouvre la Fontaine Fraîche, à la papeterie Gonzales, leur niveau atteint les fenêtres du 1er étage.

Un vaste éboulement s'est détaché des flancs de la montagne au dessus de l'OUED-AHMEDA, entraînant dans sa chute la MECHTA HANNOUS et faisant 32 victimes.

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Extrait du journal le TELL de Juin 1916

Les INONDATIONS

Blida vient d’être terriblement éprouvée par les inondations. Les 30 et 31 mai et le 1ier juin, au seuil de l’été, en pleine saison des fleurs aux couleurs nuancées, au milieu des moissons mûrissantes, des trombes d’eau, puissantes et continues, dévalant  des cimes comme des avalanches, ont soudain transformé les oueds en torrents d’une violence inouïe. Ces eaux, aux forces mystérieuses et irrésistibles, ont dévasté l’œuvre  séculaire de la nature, emporté celles des hommes et causé la mort et la ruine irrémédiable.

Désastre sans pareil ! Tragique spectacle de la désolation poignante succédant à d’agrestes paysages, à de riches campagnes, aux témoignages anciens de l’effort patient et laborieux du travail !

De cette catastrophe qui pourra établir le sombre inventaire ? La Fontaine Fraîche anéantie, la canalisation d’eau potable, sans rivale, enlevée comme un fétu de paille, les moulins sapés ou jetés à bas, des usines et des bâtiments perdus, des ponts détruits, des routes coupées, effondrées, barrées par d’énormes éboulements, des quartiers et des habitations  arrachés par le courant impitoyable, des habitants et leur cheptel roulés par le flot meurtrier. Puis encore et partout au loin de beaux champs submergés et leurs récoltes avec des milliers d’épaves, enterrées sous le linceul de la vase.

Dans l’étroit vallon de l’Oued Beni Aza, à la minoterie infortunée de Martinez Martial, les ravages ne furent pas moins effrayants que dans le parcours de l’oued El Kebir déchaîné.

Ce qui est réparable sera réparé comme l’on pourra, car les moyens dont on disposera n’atteindront jamais les pertes à effacer même dans les limites restreintes.

Ce qui est à craindre, c’est le retour du fléau dont le renouvellement  reste toujours possible du fait du déboisement de la montagne et de la conformation du bassin de réception des eaux à la naissance de l’Oued El Kébir qui en est le collecteur naturel. Grave problème qui s’est déjà posé plusieurs fois, puisque la récente inondation, à intervalle de quelques années, avait été précédée d’autres débordements impétueux et dévastateurs. Cette fois il faudra la résoudre et toutes les volontés devront se concerter et agir pour opposer à l’œuvre des ruines, une œuvre de salut public, sinon Blida, la ville même, restera inquiète sous la menace des attaques forcenées de l’Oued El Kebir.

La situation a beaucoup d’analogie avec celle que déployèrent pendant de longues années des agglomérations existant dans les versants dénudés des  Hautes Alpes et des Basses Alpes, du Dauphiné et de la Provence. Là aussi des torrents, périodiquement, répandaient le mal et la terreur.

Par le reboisement poursuivi sans relâche, par des travaux d’hydraulique approprié, on parvint à les maîtriser et leurs eaux nuisibles furent transformées en eaux utiles. Mais cela demanda près de trente années, tant ces entreprises ne produisaient leurs effets bienfaisants que lentement. Une aussi longue attente trouve, en outre, sa justification dans l’ignorance où l’on était de la science particulière qu’exige la conception et la réalisation des travaux de cette nature.

Aujourd’hui les formules générales sont trouvées et leur adaptation, tout en restant parfois difficile, n’échappe pas  à la compétence des services des Eaux et Forêts et des Ponts et Chaussées.

Sans perdre de temps, M. le Gouverneur Général a invité une commission présidée par M. Barbadette, délégué financier, pour étudier la question à Blida. Elle s’est promptement réunie et a procédé à une visite des lieux. Notre cité lui sait gré de  cet empressement.

La municipalité, dans les heures angoissantes que les blidéens ont vécues et dans les journées qui ont suivi le désastre, a fait son devoir avec un dévouement auquel nous nous empressons de rendre hommage. La tâche qui lui reste à accomplir est vaste et complexe. Elle peut être assurée du concours de tous.

Voici les quantités d’eau tombées  qui ont provoqué l’inondation.

 

30 mai 21 heures au 31 mai à 9 heures           213 millimètres

31 mai   9 heures à 18 heures même jour          90

nuit du 31 au 1ier juin                                     26

 

soit un total de                                            329 millimètres

 

Le service météorologique n’a pas souvenance d’une chute d’eau pareille dans une aussi courte durée

 Lira aussi les articles publiés dans les Annales Africaines Partie 1  et Partie 2

 et l'Echo d'Alger

Rappel historique: D'importantes inondations ont eu lieu en avril 1885 et décembre 1902

Les galopins

Je me souviens parfaitement de ces distributions d'eau qui arrivaient jusqu'à Montpensier. Nous nous amusions avec Alain et autres comparses, à ouvrir et détourner l'eau d'arrosage qui circulait dans des caniveaux ouvragés en ciment, avec des petites trappes de guidage qui irriguait les cultures maraîchères de chez Mercadal. (G.N.A)

 Pour le jardin, à la saison chaude, il y avait le rituel de l'arrosage collectif. Un petit canal courrait au bas du mur à l'intérieur du jardin. Nous disposions d'une vanne qu'il fallait changer de place à une heure et pour une durée bien définies (de glissiere à glissiere) de façon à dériver l'eau du canal vers le jardin. L'eau était généralement immonde..(A.S)

Pour Montpensier et plus particulièrement l'irrigation des terres de Mercadal, j'ai souvenir d'une énorme canalisation qui devait faire un gros mètre de diamètre, et qui suivait la route descendant au village, sur peut-être une dizaine de mètres, coté gauche. D'ou provenait-elle ?

Mais je me souviens que de là, partait une multitude de petits canaux ouvragés en ciment, et munis de vannes métalliques qu'il fallait fermer ou ouvrir pour en diriger le précieux liquide arrosant les immenses carrés de fèves, artichauts et autres salades et produits maraîchers de toutes espèces. (G.N.A)