LES     ETABLISSEMENTS     SPITERI

BLIDA - SPITERI

 

BLIDA - SPITERI

Amis blidéens qui avez travaillé dans les établissements Spitéri ou qui possédez des documents sur l'entreprise, partagez les avec nous

"En 1922, M Spiteri crée à Blida, avenue des Moulins, un commerce de séchage et de vente en gros des plantes médicinales. L'originalité de cette entreprise surprend, mais s'avère performante, l'outillage est modernisé, on étend la surface des ateliers. La plus grande partie de ces produits d'herboristerie est exportée vers la métropole et les Etats Unis d'Amérique.  Au personnel travaillant avenue des Moulins s'ajoute celui considérable qui travaille dans les centres de ramassage des plantes  et de fleurs répartis dans une trentaine  de localités d'Algérie. Sont traités les feuilles d'orangers bigarades, d'eucalyptus, de datura, de verveine, les fleurs de guimauve, d'orangers, de coquelicots, les écorces de grenadiers."                                                           

                                                                     BLIDA de ma jeunesse -   Michèle Manivit Salles

 

Dans ce petit texte de mars 1953, un vrai reportage, on voit l'usine SPITERI  avec les yeux d'une classe d'un cours moyen 2ième année

Dans l'Avenue des Moulins se trouve une usine. C'est un immense bâtiment, autrefois une institution religieuse transformée en herboristerie en 1930.

Le bouillon-blanc

 

Des collecteurs sur leurs ânes apportent les plantes qu'ils ont cueillies aux pieds  de la montagne. Le bouillon-blanc est le plus apprécié, il est acheté à raison de 5 francs le kilo. Comme par temps pluvieux la plante arrive mouillée, on retranche 5 kg du poids de la marchandise. La feuille de bouillon-blanc est blanche, épaisse et douce au toucher comme du velours. Ayant une grande surface d'évaporation, le bouillon-blanc n'est pas séché dans les salles chauffées car son prix de revient serait trop élevé: il est exposé à l'ombre sur des claies, sortes de toiles rectangulaires clouées sur un cadre de bois. Ces claies sont posées en pile sous un hangar.

Des ouvrières assises par terre ont à côté d'elles un tas de plants de bouillon-blanc. Elles séparent les troncs des feuilles: celles-ci sont étalées sur des claies: elles séchent à l'air, sous des hangars recouverts de tôle oondulée, pendant deux ou trois jours, selon la température.

Pour l'emballage, on place une toile au fond de la presse, puis verticalement, quatre planches formant la surface latérale d'un cube. Celui-ci est bourré de bouillon-blanc. On met alors en marche le moteur électrique. Il fait descendre une vis qui appuie sur une plaque de bois, pressant les feuilles à l'intérieur du cube. Le niveau descend. On fait remonter la plaque, on rebourre de nouveau de feuilles, et, par-dessus, en place une autre toile d'emballage; on presse une seconde fois, on coud les rabats: chaque ballot terminé pèse 75 Kilos environ.

Au premier étage, nous trouvons deux grandes pièces utilisées pour les plantes demandant un séchage rapide et pendant l'hiver.

La température de ces salles peut atteindre 60 à 70 degrés en 8 heures, grâce à 40 radiateurs disposés le long des murs. La chaleur arrive d'une chaudière fonctionnant au bois et au coke. Sur les 2000 claies que renferment ces salles, on étale des feuilles de bigaradier. Séchées, elles sont pressées à la main dans de grands sacs. Les scilles maritimes, gros oignons sauvages, sont dépouillées de leurs feuilles. Ces plantes sont des poisons violents; on les expédie en France et à l'étranger dans les laboratoires qui fabriquent des médicaments. Après les avoir séchées sur les claies, certaines plantes sont passées dans la coupeuse, dans la broyeuse, dans la tamiseuse, à la machine à faire du brouillard.

La coupeuse, grâce à deux gros couteaux, arrive à couper les plantes en tranches aussi fines que le tabac à cigarette. La broyeuse est faite pour les briser. La  tamiseuse est composée de trois ventilateurs: le premier amène les herbes, le second chasse les poussières et les déchets, le troisième envoie la poudre obtenue dans les bassins de fonte.

La machine à faire du brouillard sert à donner de l'humidité aux feuilles pour qu'elles ne se brisent pas pendant l'emballage.

L'eucalyptus est mis dans  les greniers et séché à l'air comme le bouillon-blanc. On le garde en réserve pour l'envoyer dans les laboratoires où l'on en fera des médicaments, des tisanes, des essences.

De nombreuses autres plantes: verveine, cactus, tilleul, menthe sont rangées dans  des sacs et stockées avant l'expédition, sous des hangars immenses.

Elles seront envoyées par bateaux dans les pays (parfois même en Amérique) qui en font la demande.

Compte rendu d'enquête fait en mars 1953 par un cours moyen 2ième année

Ce texte a été publié par le petit journal "A Cor et A cris" créé par une équipe de jeunes blidéens

Avertissement au lecteur:

Le feu aux Etablissements SPITERI a eu lieu le 2 décembre 1953.  Le texte suivant a été écrit par 2 enfants au moment de l'incendie et leurs propos reflètent bien l'émotion et les inquiétudes du moment. Finalement, il  n'y eu aucune victime et seulement des dégats matériels importants.

 

L'INCENDIE  de l'Herboristerie  SPITERI

Nous sommes en classe. Nous copions un résumé de géographie sur Blida. Tout à coup le ciel s'obscurcit. Que se passe-t-il? Nous apercevons un panache de fumée épaisse et noire s'élevant dans le ciel. Le maître va et vient. Il nous annonce qu'il y a le feu quelque part dans l'avenue des Moulins et il nous permet de regarder dehors. Mais à peine a-t-il fini de parler qu'un de nos camarades pâlit de peur, croyant que c'est sa maison qui brûle. Nous montons sur les tables et nous voyons les agents de police  qui dégagent la rue pour que les pompiers aillent plus vite. La maître sort à nouveau et vient nous dire que c'est l'herboristerie SPITERI qui brûle.

En récréation nous entendons dire que les dégâts sont graves, qu'un bébé est brûlé, qu'il y a des morts et des blessés: d'ailleurs l'ambulance passe. Il faut retourner en classe. Nous avons hâte de voir le feu de près. Aussi travaillons nous avec l'esprit ailleurs. L'étude terminée nous sortons de l'école et nous nous dirigeons vers le brasier. Malheureusement des soldats nous barrent la route. Nous pouvons enfin passer avec un groupe de gens. L'incendie fait rage depuis le milieu de l'après-midi. De nombreuses pompes à incendie sont là. Inlassables, les pompiers braquent leurs jets sur le feu pour le maitriser. J'entends dire qu'il y a six familles sans logis, un bébé à moitié brûlé, que le réservoir d'essence est cause de l'incendie, que les pompiers des villages environnants sont venus.

Nous rentrons chez nous, nous songeons aux pompiers qui donneraient leur vie pour sauver celle des personnes en danger, à Monsieur Spiteri, propriétaire de l'herboristerie, aux pauvres gens sans logis, sans vêtements, qui seront obligés de se réfugier dans un hôtel.

Ricci Emmanuel--Calatayud José  (Cours moyen 2)