Inauguration du chemin de fer de BLIDAH  (15 AOUT 1862)
Extrait de la France colonisatrice   

 


1862

7 août.
-Gautier part pour l'Algérie, invité par la Compagnie du chemin de fer à l'inauguration de la ligne Alger-Blidah.

15 août.
- Gautier assiste à l'inauguration, qui a lieu le jour de la fête de l'Empereur.

 

" Le soleil du 15 août se leva au bruit des salves d'artillerie qui annonçaient les solennités du jour. L'Algérie, pour célébrer dignement avec la France la fête de l'empereur, ajoutait au programme des réjouissances l'inauguration de son premier chemin de fer. Cette nouvelle ligne de rails, qui réunit Alger à Blida, n'est point longue, elle n'a que 50 km, mais c'est le commencement d'un réseau qui va bientôt s'étendre de tous les côtés du territoire…
À 7 h 30, son excellence le gouverneur général arrivait prendre place dans un wagon d'honneur avec le sous-gouverneur et le directeur général des services civils ; et les invités de la compagnie ayant rempli les voitures qui leur avaient été réservées, la locomotive s'ébranlait au bruit du canon, des fanfares et des acclamations. Nous courons sur le rivage de la mer, au pied de charmantes collines où les flammes de l'été ont laissé encore assez de verdure pour faire ressortir les blanches villas assises sur les pentes. Mais près de la Maison-Carrée, une échancrure du Sahel nous donne entrée dans la plaine de la Mitidja où la voie pénètre par une courbe gracieuse. C'est d'abord de vastes espaces à demi dénudés ; des troupeaux nombreux y paissent l'herbe rare et parmi des bouquets de verdure apparaissent les douars des indigènes et les habitations des colons…
Après les immenses jachères, voici des vignes, des champs de tabac : c'est la campagne de Boufarik, un ancien
 marais dont nos laboureurs ont fait une Normandie. Voici les orangers de Blida. Le train s'arrête, accueilli par la mousqueterie d'une troupe de cavaliers arabes, postés dans une attitude pittoresque sur une crête ; une grande affluence d'Européens et d'indigènes mêlait au pétillement de la poudre les acclamations les plus chaleureuses.
MM. de Chancel, sous-préfet d'arrondissement, et De Montagny, maire de Blida, étaient venus recevoir le maréchal à la descente du wagon. Le maire, dans une courte allocution, ayant présenté à son excellence les respectueuses félicitations et les remerciements du pays, le maréchal répond en ces termes : "
 Monsieur le maire, j'agrée avec satisfaction l'expression des sentiments dont vous êtes ici l'interprète. C'est avec bonheur que je viens aujourd'hui dans votre cité inaugurer le premier chemin de fer dont soit dotée l'Algérie… La rapidité des transports, la facilité des communications sont, pour l'agriculture comme pour l'industrie, des sources de prospérité et de richesse… "

 

" Inauguration du chemin de fer d'Alger à Blida, " Le Moniteur universel " du 24 août 1862
http://theophile.gautier.voila.net

Inauguration du chemin de fer  en 1862

Bénédiction de la voie et des machines par le Vicaire Général SUCHET. Conformémént à la tenue de l'époque, les chasseurs d'Afrique portent, avec la lance, le schakska et la pelisse flottante.

A l'église fut chanté le Te Deum

 Un voyage en chemin de fer entre Blida et Djelfa  par Jean Laplume

Et Alphonse Daudet raconte:

"---"Blida,Blida, cria le conducteur" écrivait Alphonse Daudet dans Tartarin de Tarascon.
Et Blida surgit au détour d'un virage. C'était une très belle ville, coquette et parfumée, épanouie au coeur des vergers et de champs étincelants. On l'appelait "la ville des roses"; elle était plus qu'une corbeille en fleurs. Elle paraissait se dorer au soleil, semblable à une sultane languissante dont la robe verdoyante recouvrait de féerie les plaines de la Mitidja. Derrière elle, eunuque obséquieux et attentif, le mont Chréa recueillait ses soupirs, la tête dans les nuages. Le tableau qu'ils nous offraient à eux deux, était si fascinant que nous ne percevions plus le halètement de la locomotive. Le train semblait observer le silence comme s'il foulait la fraîcheur d'un sanctuaire sacré. Dans les réverbérations de l'été, on se serait cru quelque part au paradis. La face collée à la vitre, je contemplais les splendeurs qui se ramifiaient à perte de vue, enguirlandées de fermes radieuses, de chapelets de cyprès et de flammèches étoilées. "